Interview de Patrick Bodard réalisée pour "Voyageurs"

Publié le par Mo'

Voici l'interview que j'ai réalisé pour le premier numéro de notre fanzine "Voyageurs". Une fois que vous l'aurez lu, n'oubliez surtout pas de vous rendre sur le blog de notre association "Les Enfants de l'Arche", mais aussi celui de Patrick Bodard que je remercie encore une fois du temps qu'il a bien voulu m'accorder pour cette interview.



Salut Pat !

 

- Salut Mo’

 

Tout d'abord, merci à toi de nous accorder un peu de temps et surtout d'avoir accepté de participer au premier numéro de "Voyageurs".

 

- Tout le plaisir est pour moi.

 

Bon Pat, on va donc commencer par le début, parle-nous un peu de toi et de ton parcours dans la bande dessinée ?

 

- J’ai toujours eu envie de dessiner et de faire de la bande dessinée. Ça peut paraître classique comme phrase mais c’est pourtant la vérité. Ce qui l’est moins peut-être, c’est qu’il m’a fallu attendre mes 23 ans pour avoir mes premiers cours de dessin qui m’ont permis deux ans après de pouvoir vivre du dessin par le biais de la série d’animation 2d.

À l’heure actuelle je travaille dans le jeu vidéo et cet univers 3d m’a  rappelé qu’étant jeune, j’avais eu comme envie de faire une bande dessinée. J’ai donc monté un dossier que j’ai envoyé aux éditions Clair de lune qui ont été intéressées.

 

Ce dossier, c’est donc « Dona ». Raconte-nous un peu l’histoire de cette jeune héroïne.

 

- A l’origine, je souhaitais faire deux volets de trois albums chacun, ce qui me permettait de placer l’histoire très simplement dans le premier tome, je souhaitais que l’on voie Dona dans ses activités locales qui consistaient à protéger les habitants et l’environnement de la vallée Éole des agressions extérieures émanant essentiellement de Télomère, une cité en pleine expansion démographique et d’une attitude très conquérante, et Dona n’a pas conscience qu’elle sera amenée à lutter hors de son territoire pour la protéger. On pourrait dire que c’est un peu comme aujourd’hui où les complexités de la mondialisation doivent bien souvent être prises en compte au niveau local. En parallèle de son désir de protéger sa vallée de la dictat de la reine de Télomère, Dona doit faire face à son histoire personnelle. Chanso, en bon oncle protecteur, a cru bon de la protéger en lui cachant notamment son lien étroit avec la dynastie Azara. 

 

« Dona » a-t-elle trouvé son public ?

 

- Pas vraiment ! Le fait que le premier tome pose beaucoup de questions sans réponses et décrive des scènes assez simples d’une vie de résistant, n’était certainement pas assez sexy. Mon projet était de monter en puissance de tome en tome pour impliquer de plus en plus de personnages et d’intrigues politiques tout comme dans les combats qui de petits conflits locaux presque d’hommes à hommes devaient faire appel au fur et à mesure à des armées de plus en plus puissantes. Et même si j’ai plus essayé de divertir sur le tome deux en attendant de placer les personnages principaux au centre de conflits géopolitiques, la mayonnaise n’a pas pris.

 


Image Hosted by ImageShack.usD’après toi, quelles ont été la ou les raisons de cette absence de lecteurs ?

 

Plusieurs choses certainement :

-         Le lecteur souhaite aujourd’hui savoir assez vite où l’auteur veut en venir.

-         La fantaisie doit être plus ancrée à des éléments contemporains et à l’inconscient collectif.

-         Idem pour la partie dessinée. Le manque de concision et de qualité n’aide pas.

-         Mais encore…. une pléthore d’albums sur les étalages.

-         La tendance actuelle à aimer le comique et le fait divers.

-         L’intérêt du public pour Internet et des produits que je qualifie d’effet « poopers »  (effet immédiat).

 

Pour connaître ton talent via ton blog, j’ai parfois du mal à comprendre comment un auteur complet comme Patrick Bodard n’est pas plus présent dans le monde de la BD ! En tant que lecteurs, nous avons parfois des a priori sur le choix des maisons d’édition, mais toi, en tant qu’auteur, quel est ton point de vue sur la politique des maisons d’édition ces dernières années ?

 

- Le marché actuel est dur pour tout le monde, comment convaincre une maison d’édition de faire de la qualité qui ne se vend pas ? Et comment convaincre un auteur de faire un type de produit qui ne lui permettra pas de progresser et d’assouvir sa passion pour l’art ?

 

Est-ce pour cela que tu as décidé de te lancer dans une toute nouvelle expérience ?

 

- Entre autres, oui. Je souhaite faire plaisir pour le plaisir. L’Internet est super pour cela. On peut donner gratuitement de l’émotion sans avoir une multitude d’écluses à franchir.

 

C’est en quelque sorte un pied de nez à leur encontre, non ?

 

- Il est peut-être temps pour elles de reconsidérer leurs rapports avec les auteurs. Et de revenir à des bases plus saines de collaboration. Evidemment, le commerce et la grande diffusion sont liés à la pérennité d’un produit, mais il nécessite aussi une relation de confiance et de respect  entre les parties. Sinon les auteurs risquent d’endosser les casques de vendeurs et de se débrouiller tout seuls ou avec d’autres interlocuteurs plus francs et directs sur leurs intentions.

 

Explique-nous un peu ce nouveau projet ainsi que son principe, et surtout la manière dont tu vas en faire profiter les internautes ?

 

- Je souhaite relater l’histoire de Barbe Noire et débuter quand il était encore Edouard Teach au service d’Anne reine d’Angleterre, sous la forme de petit format vidéo sonorisé. Une sorte de diaporama qui va alterner texte et image. Ce sont des chapitres de quelques minutes que je mettrai à disposition sur mon blog . Il me semble qu’aujourd’hui, la bande dessinée manque d’éléments sonores et souffre aussi du fait que le livre vie peut-être ses derniers jours sous forme de feuille de papier.

 


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Pour toi, Internet est en quelque sorte LE média par excellence ?

 

- Oui, car il permet l’effet immédiat dont je parle ci-dessus. Que je sois dans ma maison avec mon pc, en pc portable, téléphone mobile, dans un avion et plus tard certainement dans les voitures, transport en commun, sur la plage etc.….je peux choisir un article au sein d’une caverne d’Ali Baba (Internet), entrer en immersion dans un monde et en sortir aussi simplement en appuyant sur un bouton « power » pour être de nouveau quasiment les mains vides. Par exemple, pour mon projet le forum http://www.baywin.net peut accueillir un espace sujet sur le thème de mon projet et permettre aux internautes de chatter et de me donner leurs impressions, où éventuellement de me proposer d’intégrer des personnages ou des situations historiques à mon histoire. La bande dessinée actuelle n’a pas cette interactivité.

 

On pourrait se dire que c’est « encore » une histoire de pirates, mais pourtant, tu la définis autrement ? Qu’est-ce qui, pour toi, va faire la différence ?

 

- J’aimerais garder un peu de mystère sur une histoire déjà connue de tous, mais ce que je peux vous dire actuellement, c’est que je souhaite  proposer une explication plausible des circonstances qui ont amené Edouard Teach à devenir Barbe Noire.

Mais si vous souhaitez plus d’informations, j’en dévoile un peu plus sur mon site ou sur le site de Baywin.

 

Image Hosted by ImageShack.us Ton expérience dans le jeu vidéo t’a-t-elle aidé ou encore influencé pour «Edouard Teach dit Barbe Noire » ?

 

- C’est vrai que l’expérience King Kong ou plus récemment les Lapins Crétins me permettent de voir comment une grande industrie se structure autour d’un projet pour éviter les maladresses de contenu. Mes expériences professionnelles m’ont certainement influencé mais il me semble que le désir de traiter de la vie d’un homme et de ses choix de vie au sein d’une période tumultueuse  est quelque chose qui me correspond beaucoup.

 

 

Est-ce que finalement on ne retrouve pas des points communs entre ces 2 univers, que ce soit  dans la façon de travailler ou encore de réaliser un produit ?

 

- Oui certainement, tout comme le cinéma et le jeu vidéo se copient mutuellement.

On trouve beaucoup plus de scènes d’action par exemple dans les films qui font très jeu comme Le pacte des loups et ses combats en arène à la Street Fighter ou l’univers Yamakasi qui était à l’origine une discipline de l’art du déplacement avec ses codes (tiens, ça ressemble drôlement aux pirates et à leur code d’honneur, tout ça ;) récupéré par le jeu vidéo et le cinéma comme dans le dernier 007  Casino royale  dans lequel il y a une scène de plusieurs dizaines de minutes très yama et très jeu vidéo.

 

Tu n’en es actuellement qu’au début de ce projet, mais comment le vois-tu évoluer ? Quelles sont concrètement tes ambitions ?

 

- Pour le moment, l’objectif est simple parce que déjà très difficile et long à faire. Je souhaite aligner les chapitres de la vie de Barbe Noire le plus professionnellement possible afin de découvrir les points forts de ce nouveau genre de communication.

 

«Edouard Teach dit Barbe Noire»  est un projet que tu aurais pu envoyer aux maisons d’édition, non ?

 

- Oui, je ne me l’interdis pas d’ailleurs Mais cela va faire presque un an que je suis en pourparlers (encore un terme pirate ça ;) avec les éditions Soleil qui me font tourner en rond autour de projets factices. J’avoue que j’ai du mal à comprendre leurs raisons, ça les amuse peut-être ? Du coup j’essaie autre chose et on verra bien. Pour le moment, j’ai beaucoup de plaisir à le faire et si le plaisir du public est là, ça me suffit.

 

Pour ceux qui voudraient voir (et il le faut absolument) la vidéo de «Edouard Teach dit Barbe Noire, une seule adresse : http://air-de-bulle.over-blog.com/

 

- Le teaser (comme on dit dans les milieux branchés ;) est disponible. Ce petit montage m’a permis de constater la faisabilité de mon idée en montant les tout premiers dessins textes et sons du projet.

 

Pour terminer, un petit mot pour l’association et le fanzine ?

 

- J’ai tout de suite adhéré à votre idée de l’association, je ferais volontiers une illustration si vous le souhaitez. Et je souhaite longue vie et bon vent à Voyageurs, dans l’espoir qu’il apporte le complément du site de Baywin qui est déjà très riche et où il règne un bon esprit.

 

Merci encore Pat, et bonne chance pour cette nouvelle aventure. En tout cas, nous serons derrière toi !

 

 - Merci à toi.

 

Mo’

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Publié dans Interview

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