Interview de Benoît Dellac pour "Missi Dominici"

Publié le par Mo'

Le lecteur de musique se trouve en bas de l'interview.


Merci à Thierry Gloris pour sa participation à l'interview !

 

Salut Benoît ! Tu es le dessinateur de la toute nouvelle série de Thierry Gloris, « Missi Dominici ». Avant de revenir sur cet album, j’aimerai que tu nous parles un peu de toi et de ton parcours dans la BD.

 

Benoît Dellac : Depuis tout petit, je rêvais de faire de la bd mais pour moi on savait dessiner dès le début ou pas. On  a de ses idées quand on est gamin. Puis le temps à passer et ce souhait est devenu un rêve lointain. Jusqu’au jour où j’ai tout plaqué et que j’ai décidé que je serais dessinateur de bd ou rien. Pour m’y aider, j’ai postulé à l’Ecole Pivaut de Nantes. Après avoir été accepté en section Bd, j’ai fait un cursus de 2 an et demi où j’ai pu apprendre l’anatomie, la perspective, la narration, le dessin, le mouvement, et tout ce qui touche au dessin en général. Arrivé au milieu de la 2ème année, j’ai décidé de tenter la grande aventure des projets Bd. Tout en montant des dossiers bd, j’ai un peu travaillé dans le monde du jeu de figurines avant de rencontrer Thierry.

 

Thierry Gloris : Yop, je débarque ! Merci Benoît de me faire un peu de place dans ton interview !

 

-Tiens tu tombes bien Thierry ! Racontez nous votre rencontre ?

 

BD : J’ai rencontré Thierry grâce à un ami et collègue, Jean Paul Bordier (dessinateur de  « Souvenir d’un Elficologue » aux éditions Soleil avec Thierry Gloris au scénario). Après avoir récupérer les coordonnées de Thierry, je lui ai envoyé plusieurs scans de mes travaux dans l’espoir qu’il veuille travailler avec moi. Nous avons donc discuté de ce que j’aimais faire, dessiner, de ce que je voulais raconter. Apres plusieurs heures de téléphone, Thierry  m’a annoncé qu’il serait intéressé pour travailler avec moi mais qu’il n’avait rien à me proposer  pour le moment et qu’à la vue de son travail, il ne serait disponible que dans 3mois. Trois jours après, il me recontacte pour me dire qu’il a  eu une idée dans la nuit. Il me la décrit sommairement, je suis emballé et nous voilà prêt pour la grande aventure que deviendra Missi Dominici.

 

TG : Lorsque nous nous sommes rencontrés avec Benoît, il m’a parlé de sa passion pour les comics US. Ancien gros lecteur des mensuels LUG (Strange, Nova, Spidey…), cela faisait longtemps que je cherchais à faire plaisir à l’adolescent qui sommeille en moi en écrivant une histoire de super héros. Je ne voulais pas singer les américains et j’ai donc noué deux de mes passions l’Histoire et la culture comics US mainstream afin de créer un univers original. Cela faisait longtemps que j’avais cette idée en tête, il me fallait juste un dessinateur intéressé par le concept et capable de porter graphiquement un univers aussi singulier tout en le rendant crédible. Après, le reste, c’est du boulot d’écriture et de l’énergie.

 

-Quels sentiments ressent-on lorsque l’on se retrouve à la réalisation d’un album, qui plus est son premier, et avec en prime, Thierry Gloris au scénario ?

 

BD : Dès la signature, il faut dire qu’on ne réalise pas vraiment ce qui nous arrive. Pour ma part, j’ai réalisé et accepté en arrivant vers la planche 10. Thierry est très patient et s’adapte suivant le dessinateur pour travailler.

 

TG : C’est moi qui ait eu de la chance !

 

-Malgré le fait que ce soit tes premiers pas dans le milieu pro, on te sent vraiment à l’aise avec ton crayon. Comment était l’ambiance entre vous 3, et comment procédiez-vous pour travailler ?

 

BD : Avec Thierry, nous  travaillons pratiquement tout par téléphone. Je reçois un découpage de planche, je fais une version  de story board, puis on en parle. On décide de ce qui est intéressant et de ce qui ne l’est pas, pour arriver à une planche qui nous convient à tous les deux. Je pense que l’on sent que je suis à l’aise, car Thierry m’a fait confiance dès le début pour tout donner et au fil des planches, j’ai pu décoincer le trait et l’encrage.

Avec Anouk, nous lui faisions parvenir les planches lettrées pour qu’elle se fonde avec l’univers ainsi que les ambiances souhaitées. Et après, nous lui avons laissé amener son univers.  Elle nous a épaté par son talent.

 

TG : Ma méthode de travailler avec Benoît est assez unique par rapport à mes autres collaborations. Nous avons essayé pas mal de façons, mais la plus évidente qui s’est imposée, c’est de ne pas en avoir ! Nous travaillons en confiance et les dessins sortent de la planche de façon assez « magique ». J’écris beaucoup, donc tout est « cadré » sur la durée, mais sur la planche même, il y a beaucoup d’instinct de la part de Benoît. Je me suis adapté à cette façon de faire. L’important au final est que tout fonctionne dans la bonne humeur !   

 

-On sent que tu t’es beaucoup documenté pour recréer l’ambiance moyenâgeuse. Quels documents as-tu utilisé pour tes recherches ?

 

BD : Effectivement, je me suis documenter un maximum car dès le début Thierry souhaitait rester très proche de la réalité. Pour ce faire, j’ai acheté pas mal de bouquin sur le moyen-âge et j’ai visionné la plupart des films qui s’y rapportaient. Et bien sur, j’ai beaucoup feuilleter les bd de Monsieur Bourgeon, découvert grâce à Thierry.

 

TG : La difficulté de « Missi Dominici » était de faire une histoire de super héros tout en les faisant évoluer dans un monde crédible mais « oublié » dans le sens : « non contemporain ». Il fallait que le lecteur rentre dans une BD historique et se fasse entraîner dans un monde fantastique où les thématiques et les ressorts sont dignes d’un Batman ou d’un Spiderman. J’ai donc pas mal tanné Benoît pour que les planches aient une « odeur » de moyen-âge et non d’héroïc-fantasy. A mon sens, c’était le seul moyen d’imposer aux lecteurs franco-belges une thématique super-héroïque : Immerger le lecteur dans un monde médiéval qu’il connaît et dans des thématiques creuset de l’identité européenne (christianisme, croisade, luttes seigneuriales…) et pour autant suivre des surhommes ! De cette sorte, nous plaçons chronologiquement NOS super-héros EUROPEENS avant toute la mythologie Marvel et DC… C’est assez cocasse !    

 

-T’es tu immergé dans une ambiance particulière pour réaliser l’album ?

 

BD : Lorsque je travaille, il y a toujours soit des films soit de la musique en fond sonore. Suivant ce que je dois dessiner, la musque varie.

 

-Certaines pages sont de vraies merveilles de détails ! Combien de temps te faut-il en moyenne pour réaliser une planche ? Explique nous ta manière de travailler.

 

BD : Pour ce tome 1, j’ai passé de 5 à 6 jours par planche. Il y a d’abord le story cela pouvait aller d’1 à 2 jours, puis plus ou moins 2 jours pour le crayonné et le reste pour l’encrage.

 

-On sent que tu as fait un effort particulier sur les personnages (tenues, physiques etc.…), quelles sont les difficultés majeures à leur création ?

 

BD : Le plus dur a été de trouver les traits majeurs qui correspondaient au caractère de chaque personnage. J’ai des tas de pages de recherches de visages qui après coup  m’ont servi  pour les personnages secondaires.

 

-Je sais que tu touches à la colorisation alors pourquoi ne pas avoir colorisé toi-même « Missi Dominici » ?

 

BD : Tout simplement, car je ne m’en sentais pas capable. J’ai voulu régler d’abord  les problèmes de narration que j’avais. Pour moi, il fallait que je pousse mon dessin en général vers l’avant donc j’ai décidé de ne me consacrer pour le moment que sur les noirs et blanc, et de confier la couleur à un coloriste. Et à la vue du résultat, j’en suis plus que ravi !

 

-Un petit mot sur Anouk, ta coloriste, qui au passage réalise également un bel album ?

 

BD : Lors du premier essai que nous avons reçu avec Thierry, on a senti que c’était elle qui se rapprochait le plus de ce que nous recherchions. Elle a tout de suite été à l’aise. Après quelques réglages mineurs, ce fût une joie sans fin de recevoir les nouvelles planches colorisées.

 

TG : Anouk a rapidement trouvé ses marques sur l’album. Elle a compris le côté « super héros » du projet et de la nécessité de mixer réalisme et « effets de pouvoir ». L’alchimie était franchement pas évidente, mais je pense que sa localisation en Amérique du Nord lui a permis d’aborder les planches avec une certaine « fraîcheur » qui a été favorable à la série : Une très chouette rencontre et une excellente collaboration !  

 

-Es-tu intervenu sur le story-board de Thierry ? As-tu apporté une participation à l’histoire ?

 

BD : Thierry m’a laissé une grande liberté, d’ailleurs maintenant, il ne fixe plus trop ses découpages. Il attend de voir ce que cela m’inspire pour ajuster son découpage. C’est assez particulier mais on s’est rendu compte que nous fonctionnions mieux et plus rapidement comme cela

 

TG : Avec Benoît, je travaille à vu. N’étant pas trop susceptible l’un comme l’autre, nous pouvons travailler comme de vrais artisans de la BD qui expérimentent, testent, jettent, recommencent, s’écoutent et continuent pour que le résultat soit de meilleur en meilleur. Je pense que si nous n’avions pas eu une bonne entente de caractère, ce serait rapidement explosif et insupportable… mais pour l’instant, cela fonctionne parfaitement !

 

-Qu’est-ce qui t’a donné le plus de mal sur « Missi Dominici »?

 

BD : Sans réfléchir le lion, ce foutu lion !  Thierry est tombé sur  un dessin de lion sur mon blog et il s’est dit un lion c’est cool ! Maintenant Benoit a toi de te débrouiller !  

 

TG : Le concept même de la série : Faire du super-héros européen ! Sur le papier, cela a l’air déconcertant de facilité, mais quand on met les mains dans le moteur, il se pose énormément de difficultés auquel on n’a pas forcément pensé. Je ne sais pas pourquoi, mais visualiser Superman voler au dessus des gratte-ciels c’est plausible… le voir planer au dessus d’une place de marché médiévale où l’on vend des cochons et des oies… c’est moins évident ! C’est pour cela que j’ai joué avec le folklore populaire européen (loup-garou, cavaliers de l’Apocalypse…) pour caractériser mes surhommes. 

 

-Si tu avais quelque chose à changer dans l’album, de quoi s’agirait-il ?

 

BD : Les 8 premières planches. J’étais encore timide dans mes choix de cadrage et d’encrage.

 

TG : J’aurais dû mettre des collants bleues et un juste-au-corps rouge à Wolfräm frappé d’un W jaune, il aurait été encore plus sexy !

 

-Une question qui revient souvent dans la bouche des lecteurs, combien de tomes de prévu ?

 

BD : Nous sommes parti sur un premier cycle de 3 tomes. Après le temps et surtout les lecteurs nous dirons si  ils veulent une suite. D’ailleurs Thierry a déjà beaucoup d’idées qui vous surprendront certainement. 

 

TG : Si la série fonctionne, j’aimerais beaucoup développer sur du long terme l’univers de ses « super héros » européens… Nous verrons bien ! 

 

-Le tome 2 est déjà commencé ?

 

BD : Oui, au moment où j’écris ces lignes je suis sur la planche 17.

 

-Que retiendras-tu de cette première expérience dans le milieu professionnel ?

 

BD : Franchement, ce fut dur et éprouvant mais c’est que du bonheur.

 

-Une question plus personnelle, d’où vient ton pseudo « Ariès » ?

 

BD : Je ne sais pas trop. Je suis Bélier de signe astrologique. Comme vous avez pu voir les signes du zodiaque sont présents dans Missi. Et un matin je me suis réveillé avec cette envie de signer Aries. Un signe du destin peut être !

 

 

-Voila, l’interview touche à sa fin. Je voulais te remercier pour le temps que tu as passé à répondre à mes questions, et surtout, vous remercier tous les 3 pour ce très bon moment lecture

Le mot de la fin est pour toi Benoît !

 

BD : Ca été un plaisir. Merci à toi ! Un dernier mot : tout se que je peux vous dire, c’est de prendre un aller pour Z’ha’dum et de partir avec Wolfräm et Ronan, découvrir ce mystère qui entoure cet enfant si spécial, mais attention, les cavaliers ne seront jamais loin  ! Bonne lecture à vous tous !

 

TG : Z’Ha ‘Dum !

 

Images: © Vents d'ouest - Gloris / Dellac / Bell

 

 

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Publié dans Interview

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Y
trés bonne interview et interessante à lire en plus ! (ce qui est parfois assomant !) merci Mo' !
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